Un article bien sympa sur l'histoire de Muscle Beach( tiré d'un blog:
http://lespritdumuscle.over-blog.com/article-muscle-beach-un-extravagant-paradis-du-bodybuilding-49499222.html)Muscle Beach: un extravagant paradis du bodybuilding:Outre-Atlantique il est un lieu bien singulier comme seuls les Etats-Unis en possèdent. Considéré par certains comme une foire vouée à la culture du narcissisme et de l’égocentrisme, il est pour d’autres un paradis où pratiquer librement le lifestyle du bodybuilder, sorte de succédané postmoderne de l’American way of life. Ce lieu est situé en Californie, dans un quartier de Los Angeles appelé Venice (en référence à la Venise italienne). Il s’agit bien évidemment du célèbre Muscle Beach.
Je ne pouvais manquer, sur ce blog dédié au bodybuilding et donc au culte du corps, d’évoquer cet endroit qui fait rêver tant de pratiquants de la musculation partout dans le monde. Et puisque les beaux jours arrivent, que l’été pointe enfin le bout de son nez, quoi de mieux qu’un petit voyage en Californie ?
I – Les origines de Muscle Beach. Bien peu de personnes savent aujourd’hui qu’il a existé non pas un mais deux Muscle Beach à Los Angeles. En fait, bien des touristes faisant escale à Venice croient visiter là l’unique et authentique plage des bodybuilders. Pourtant, ce n’est pas sur la plage de Venice qu’a débuté l’histoire de Muscle Beach mais à environ 2 km plus au nord, dans la ville de Santa-Monica.
C’est dans le cadre d’un projet de rénovation du front de mer, que les autorités nationales du Work Projects Administration (WPA) décidèrent au début des années 30 de construire un parc et des installations de loisirs au sud de la jetée de Santa-Monica. Le projet s’inscrivait en fait dans un vaste programme de grands travaux lancés après le krach boursier de 1929 afin de lutter contre le chômage. De nombreux ouvriers sans emplois furent ainsi réquisitionnés dans la région pour mener à bien le chantier. Les travaux prirent fin en 1934 et le lieu obtint tout de suite une grande popularité. Destiné essentiellement à la détente et aux loisirs il n’était pas encore celui qu’on surnommera plus tard Muscle Beach. Toutefois, il attirait déjà de nombreux sportifs ayant choisi de s’entraîner sur la plage, notamment pour parer au tremblement de terre de 1933 qui avait endommagé de nombreux gymnases dans la région. Situé dans un cadre agréable proche de la mer et baigné par le soleil, le parc bénéficiait du développement récent de l’industrie hollywoodienne et se voyait fréquenté quotidiennement par toute une population issue du septième art. Dès ce moment là, le destin de ce qui deviendra bientôt Muscle Beach - d’abord à Santa-Monica puis à Venice - fut lié à celui du monde du spectacle et du cinéma. Nombre de célébrités, de cascadeurs ou d’acteurs adoptèrent le lieu. On pouvait notamment y croiser Clark Gable, Kirk Douglas ou Tyrone Power. Mae West y trouvait les plus beaux garçons pour sa revue et plus tard, Jayne Mansfield tout comme Jane Russell y rencontrèrent leurs futurs maris respectifs. Certains sportifs qui venaient s’entraîner partiellement dénudés ne manquaient pas d’attirer l’attention des producteurs et des réalisateurs à la recherche de stars ou de figurants aux physiques athlétiques. C’est ainsi par exemple que quelques années plus tard, Steve Reeves fut remarqué par le réalisateur Cecile B. DeMille pour le casting de Samson et Dalila (il ne fut finalement pas retenu). Le parc attirait également beaucoup de gymnastes et d’acrobates qui venaient répéter leurs figures en plein air. Leurs acrobaties devinrent bientôt des attractions très prisées du public. Une de ces attractions, immortalisée par de multiples photographies, consistait en une pyramide humaine grâce à laquelle les acrobates révélaient toute leur force et leur agilité. On assistait parfois à des pyramides constituées de 6 ou 7 personnes (parfois plus) s’empilant les unes sur les autres pour le plus grand plaisir du public, ébahis devant ces corps à demi nus, bronzés et musclés[1]. Harold Zinkin, acrobate de formation et culturiste de la première heure (il fut sacré premier Mr America en 1945) s’imposait alors comme le grand spécialiste des démonstrations acrobatiques en plein air. Son nom demeure à jamais attaché à cette plage de Santa-Monica et à son parc[2].
Durant la seconde guerre mondiale, de nombreux soldats américains vinrent entretenir leur physique sur la côte californienne et à Santa-Monica plus particulièrement. Des haltérophiles rejoignirent les acrobates et autres gymnastes déjà présents. On citera notamment John Grimek, haltérophile et culturiste qui participa aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 et fut sacré Mr America.
En cette fin des années 40 le parc de loisirs dédié au sport et au culte du corps attirait donc toujours plus de monde. Toutefois c’est à partir de la décennie suivante qu’il connut son plus grand essor, avec l’arrivée de grandes figures du monde de la santé et du muscle. On entrait alors de plein pied dans ce que l’on peut considérer comme l’âge d’or de Muscle Beach.
II – L’âge d’or de Muscle Beach. Les années 50 furent pour les Etats-Unis synonymes d’essor considérable. Auréolé du prestige des vainqueurs après la seconde guerre mondiale, le pays pouvait compter sur une économie puissante qui dominait le monde. La reconversion de son économie de guerre en économie de production de biens de consommation bouleversa la société américaine. Un nouveau style de vie apparut et s’exporta rapidement dans le monde entier, c’était la naissance de l’American way of life. Pour beaucoup alors, la société de consommation était perçue comme une promesse de progrès et d’espoir. Le mythe du self-made-man sur lequel s’était forgé le pays était plus que jamais mis en valeur. Le modèle individualiste propre à la société américaine fut également renforcé. Les Américains portaient de plus en plus d’attention à leur apparence physique, à leur corps et à leur santé. La publicité et les magazines se firent largement l’écho de ce nouvel état d’esprit. Dans ce contexte socio-culturel, la plage de Santa-Monica, entièrement tournée vers la satisfaction des plaisirs hédonistes, prit une nouvelle dimension. Son image évoquait celle de corps sveltes et musclés, d’où son nouveau surnom : Muscle Beach.
Si les stars hollywoodiennes continuaient d’y venir aussi assidûment, ce furent surtout les professionnels de la culture physique – dans la lignée d’Howard Zinkin – qui l’animèrent. Ils venaient y prodiguer leur enseignement aussi bien dans le domaine de l’entraînement sportif que de l’alimentation. C’était le cas entre autres de Jack Lalanne, un des premiers professeurs de fitness et spécialiste de la nutrition sportive (Il fut surnommé « le gourou de la santé »), de Glenn Sundby, gymnaste et acrobate qui créa pour sa part un magazine dédié à la gymnastique, ou de Russ Saunders, lui aussi gymnaste et acrobate qui devint cascadeur pour le cinéma. Les années 50 virent l’arrivée à Muscle Beach, des premiers culturistes tels que Armand et Vic Tanny[3], Irvin « Zabo » Kozewski (célèbre pour ses abdominaux impressionnants) et surtout Steve Reeves[4] qui connu bientôt la célébrité au cinéma où il incarna à plusieurs reprises le personnage mythologique d’Hercule.
L’exhibition des corps bodybuildés sur la plage californienne devint alors une attraction à part entière et les magazines consacrés à la santé et au sport vinrent y faire leurs séances de photos. C’est à cette époque que l’on commença à voir se multiplier ces célèbres clichés sur lesquels s’étalent de beaux éphèbes musclés aux sourires impeccables, entourés de pin-up en bikini. Ces images d’Epinal ont fait rêver plus d’une génération d’américains et beaucoup de culturistes ayant fréquenté la plage de Santa-Monica ont avoué avoir largement été influencés par ces photos[5]. Le phénomène des photos de plage – devenu depuis un genre photographique à part entière - prendra de l’ampleur tout au long des années 60, jusqu’à aujourd’hui. Le bodybuilder Dave Draper a collaboré à ces séances de photos qui ont largement participé à créer le mythe de Muscle Beach. Il a évoqué cela dans un numéro de Muscle&Fitness[6]: « Je suis apparu sur la scène du culturisme au début des années 60 et, dès lors, j'ai rempli les pages de ses magazines, embelli leurs couvertures et, grâce à ces attrayantes photos prises sur les plages californiennes, j'ai colporté des récits remplis de joie, de promesses et d'espoir à l'usage des jeunes comme de ceux qui n'avaient rien perdu de leur jeunesse du cœur. Je me remémore ces jours joyeux où j'arborais un large sourire, contractais mes muscles et batifolais avec des baigneuses sexy au cours d'après-midi dingues de farniente au soleil. »
En cette fin des années 50, Muscle Beach apparaissait comme un véritable paradis pour les amoureux du culturisme et du culte du corps. Tous les éléments étaient réunis pour conférer à l’endroit un caractère unique : soleil omniprésent, plage magnifique, mer accueillante, équipements sportifs, stars du cinéma, athlètes de haut niveau, spécialistes du bodybuilding, beaux garçons musclés et bronzés, filles de rêve aux silhouettes sculpturales. Et pourtant, cet univers magique devait prendre fin de manière abrupte un jour de décembre 1958. En effet, il faut dire que le paradis de l’exhibitionnisme et de l’apparence n’était pas du goût de tout le monde dans l’Amérique conservatrice d’alors. Beaucoup voyaient dans cet étalage de chairs, une forme de frivolité charnelle peu compatible avec les bonnes mœurs. Aussi, le scandale qui éclata à la fin de l’année 1958 allait servir de prétexte pour fermer définitivement le lieu. Les faits : lors d’une soirée organisée dans un appartement situé non loin de Muscle Beach, quatre culturistes furent accusés de viol sur de jeunes filles mineures. L’occasion était trop belle pour la laisser s’échapper. Sans aucun avertissement préalable, les autorités ordonnèrent de raser le hangar où s’entraînaient les gymnastes et les haltérophiles. Malgré les protestations de nombreux usagers, la mairie fit également retirer l’enseigne de Muscle Beach ainsi que toutes les installations sportives afin que le lieu redevienne un simple parc. Aujourd’hui encore les raisons de la fermeture brutale du Muscle Beach de Santa-Monica restent obscures. Si les autorités ont toujours affirmé que c’était pour des raisons de sécurité dû aux capacités d’accueil insuffisantes du parc (le week-end, celui-ci pouvait réunir plus de 10 000 personnes venues assister aux attractions sportives), certains ont toujours soupçonné l’administration d’avoir cédé aux pressions des conservateurs – profitant du scandale de l’affaire des viols - qui considéraient Muscle Beach comme un lieu indécent. Précisons d’ailleurs que la culpabilité des quatre culturistes présumés violeurs ne fut jamais prouvée, ce qui tendrait à renforcer ces soupçons. Quoi qu’il en soit, la fin des années 50 marqua aussi la fin du Muscle Beach de Santa-Monica. Si des athlètes continuèrent à venir s’y entraîner durant encore quelques années, le lieu perdit peu à peu son attrait et son public[7]. Une nouvelle page de Muscle Beach allait désormais s’écrire… à quelques kilomètres de là.
III - Les jours de gloire de Muscle Beach.Face au succès du parc de Santa-Monica, la ville de Los Angeles décida en 1951 d’en construire un similaire, quoique beaucoup plus petit, 4 kilomètres plus au sud, dans le quartier de Venice. Même si le lieu n’offrait pas encore toutes les installations sportives disponibles jusqu’alors à Muscle Beach premier du nom, la fermeture de ce dernier obligea les athlètes à y migrer dès 1959. Le nouveau Muscle Beach de Venice correspond donc à celui que l’on connaît aujourd’hui encore.
Avec la fermeture du site de Santa-Monica une nouvelle génération d’athlètes et de bodybuilders fit son apparition. Elle investit entièrement le nouveau parc et participa activement à l’édification de son mythe. Parmi elle, on compte des légendes tel que Larry Scott, Franco Columbo, Frank Zane, Dave Draper, Ric Drasin, Mike Katz, Ken Waller, Ed Corney et bien sûr Arnold Schwarzenegger qui s’installa en Californie à la fin des années 60. Mais on ne pourrait parler de Muscle Beach dans les années 60-70 sans évoquer à la fois un homme et un lieu dont les noms sont aujourd’hui aussi connus - sinon plus – que la plage de Venice : Joe Gold et le Gold’s Gym. A partir des années 60 en effet, le nom de Muscle Beach ne peut être séparé de la première véritable salle de musculation des Etats-Unis (et peut-être du monde) que fut le Gold’s Gym. Né à Los Angeles en 1922, Joe Gold fréquentait régulièrement la plage et le parc de Santa-Monica durant son adolescence et devint membre du club d’haltérophilie, le Muscle Beach Weightlifting Club. Il entra dans la marine marchande puis participa à la seconde guerre mondiale au sein de l’US Navy. Après la guerre, il retourna à Muscle Beach et fut engagé dans la troupe de Mae West avec laquelle il fit le tour des Etats-Unis. Passionné de sport depuis son adolescence il pratiquait intensément le bodybuilding. En 1965 il décida d’ouvrir une salle de musculation à Venice. Il fit l’acquisition d’un bâtiment situé à l’époque à quelques mètres de la plage et à l’apparence austère qui allait devenir le Gold’s Gym. Joe Gold l’équipa de machines qu’il confectionnait lui-même dans son garage. Notons d’ailleurs que ces machines serviront de modèles pour les appareils construits par la suite dans le monde entier. Aujourd’hui encore les fabricants s’inspirent des principes fonctionnels imaginés par le fondateur du Gold’s Gym pour élaborer leur matériel de musculation. L’équipement de la salle était certes artisanal mais rien ne manquait. Jusqu’ici les salles de sport s’adressaient aussi bien aux culturistes, qu’aux gymnastes ou aux haltérophiles, mais Joe Gold souhaitait créer un lieu entièrement réservé aux bodybuilders. Aussi, si au Gold’s Gym l’ambiance était amicale, l’esprit du bodybuilding hardcore régnait en maître. La musique y était absente et les sportifs dilettantes n’y avaient pas leur place. Les athlètes étaient là pour s’entraîner avec sérieux et acharnement. Lou Ferrigno, arrivé de New York, raconte sa première visite au Gold’s Gym : « La première chose qui m’est venue à l’esprit quand je suis entré pour la première fois, c’est que je devais m’entraîner plus dur ». Il poursuit en paraphrasant Churchill : « C’était du sang, de la sueur et des larmes là-dedans ». La salle constituait un lieu d’entraînement mais aussi d’échange et de camaraderie. Elle était même considérée comme une sorte d’asile pour certains bodybuilders sans le sou et sans abri. Il n’était pas rare en effet d’en croiser certains ayant passé la nuit dans les douches, voire sur le toit du bâtiment. Il faut rappeler que les années 60 et 70, surtout en Californie, furent marquées par le phénomène beatnik et son style de vie bohème. Venice fut le centre névralgique de la Beat Generation et un haut lieu du mouvement hippie dans les années 60. On assista alors à la rencontre de deux sous-cultures qui finirent par se mêler : celle des « babas » et des bodybuilders. Jim Morrison, qui vécu deux ans à Venice, où il créa le noyau de ce qui allait devenir les Doors, fréquenta d’ailleurs régulièrement à la fois Muscle Beach et le Gold’s Gym. Dans le même temps, beaucoup de culturistes adoptèrent un style de vie assez proche de celui des hippies en s’adonnant aux plaisirs hédonistes rendus possible par un encadrement naturel idyllique. Cet esprit « baba-cool » s’exprimait dans le fonctionnement même du Gold’s Gym où la cotisation annuelle était très peu élevée et où ses membres allaient parfois jusqu’à aider son propriétaire à payer le loyer. En fait, comme l’explique Dave Draper : « Joe ne cherchait pas à gagner beaucoup d’argent ». Il raconte d’ailleurs que la plupart des premiers adhérents n’étaient pas tenus de payer leur abonnement.
C’est probablement de cette époque que date la véritable naissance du lifestyle du bodybuilder propre à Muscle Beach. Ce style de vie concerne tout les « à côté » de la pratique du culturisme et se caractérise par une forme d’indolence et d’insouciance et où la seule préoccupation majeure demeure le bien être du corps et de l’esprit. Il s’agit en quelque sorte du pendant sportif de la dolce vità italienne. Bill Howard, un habitué de Muscle Beach à cette époque, évoque ce lifestyle : « Après leur séance d’entraînement principal, les bodybuilders pouvaient s’entraîner encore à la fosse[8], faire du yachting et s’amuser avec le public ». Arnold Schwarzenegger, tout droit débarqué d’Allemagne, fut aussitôt séduit par la Californie et le mode de vie qu’il y pratiquait : « Un an passé en Californie m’avait convaincu du culte qui l’entourait en tant que paradis des bodybuilders. Le soleil, la mer et le climat modéré en faisaient un lieu idéal pour entretenir un corps comme le mien. J’aimais le Gold’s Gym et les longs morceaux de plage où je pouvais courir puis plonger pour prendre un bain ». Ainsi, les culturistes bénéficiaient des meilleures conditions pour mener une vie entièrement consacrée à leur passion. Leurs journées à Muscle Beach se résumaient en gros à entretenir leur masse musculaire, à profiter des joies de la mer, à parfaire leur bronzage, à séduire les filles, à prendre des repas gargantuesques sous les regards des passants interloqués et à organiser des soirées où les écarts en tous genres étaient permis[9]. Ric Drasin, catcheur et bodybuilder, fut une des figures marquantes de Muscle Beach et le partenaire d’entraînement de Schwarzenegger durant 4 ans. Il fut également le créateur, en 1973, du logo si caractéristique du Gold’s Gym. Il évoque dans un article paru dans Men’s Fitness, les conditions de vie de l’époque qui laissent rêveur. Il explique notamment qu’il était alors facile de se déplacer à Los Angeles et que les logements en bord de mer n’étaient pas chers : « Je payais 225$ par mois pour 2 chambres, 2 salles de bain et une terrasse. Ça reviendrait probablement à 2000$ aujourd’hui ». Il n’était pas difficile non plus de se nourrir pour un bodybuilder. Drasin raconte qu’au restaurant Zucky’s Deli, particulièrement apprécié des culturistes, « tu pouvais avoir une grosse omelette de 7 œufs avec du jambon et du fromage pour 1 dollar ».
C’est dans ce contexte économique plutôt agréable et alors que la Californie était en pleine effervescence sous l’impulsion du mouvement hippie que se déroula ce qui peut vraiment être considéré comme les jours glorieux du deuxième Muscle Beach et du bodybuilding. Le Gold’s Gym était évidemment au cœur de cette époque palpitante. En 1970, Joe Gold vendit la salle à Bud Danitz et Dave Sachs. Ces derniers la cédèrent à leur tour à Ken Sprague en 1977.
Cette année là constitua un moment important non seulement pour le Gold’s Gym et Muscle Beach mais pour l’histoire du bodybuilding en général. En effet, alors que l’univers du culturisme demeurait méconnu dans le reste des Etats-Unis et surtout dans le monde, deux jeunes réalisateurs, Georges Butler et Robert Fiore décidèrent de consacrer un documentaire sur ce sujet. L’excellent Pumping Iron fut tourné pour une bonne part à Muscle-Beach et au Gold’s Gym. Il permit de faire découvrir au monde entier, à la fois le bodybuilding, Arnold Schwarzenegger et la première salle de musculation digne de ce nom. A partir de ce moment là le Gold’s Gym prit une dimension internationale. Aux culturistes américains venus de tous les Etats-Unis devaient s’ajouter désormais des bodybuilders en provenance de tous les coins du globe. Aussi, la salle fut bientôt surnommée « La Mecque du Bodybuilding ». Selon Lou Ferrigno : « Tout le monde savait que pour faire partie des meilleurs il fallait venir en Californie et s’entraîner au Gold’s Gym ». Les magazines spécialisés adoptèrent la salle comme décor pour organiser leurs séances de photos. Des concours de bodybuilding furent organisés en son sein, notamment le championnat de Mr America. Le Gold’s Gym fit également beaucoup pour la reconnaissance du culturisme féminin en organisant des compétitions réservées aux femmes. En 1979, le lieu fut à nouveau vendu. Pete Grymowski, Tim Kimber et l’architecte Ed Connors s’en portèrent acquéreurs. Les trois hommes souhaitèrent donner une nouvelle image à la mythique salle de musculation en l’ouvrant à un plus large public. Des travaux d’agrandissements furent alors engagés. Désormais le lieu ne devait plus s’adresser uniquement au noyau dur des bodybuilders hardcore. Le nombre d’adhérents fut multiplié et le chiffre d’affaire aussi. Durant les années 80, le Gold’s Gym devint une franchise et donna naissance à une chaîne de clubs de remise en forme particulièrement prospère. Une multitude de salles franchisées apparurent sur le territoire américain d’abord, puis partout dans le monde. L’entreprise diversifia son activité en développant la vente de suppléments alimentaires, de vêtements et d’accessoires. Aujourd’hui, l’enseigne Gold’s Gym compte pas moins de 650 salles de sport dans 42 états américains et dans 30 pays.
IV – Muscle Beach devient un mythe. Tout comme le Gold’s Gym, Muscle Beach bénéficia de la publicité autour de la musculation engendrée par Pumping Iron et dû accueillir à partir des années 80 un public toujours plus nombreux. Ces années furent marquées aux Etats-Unis par une vague de conservatisme et le durcissement de ce qu’on a appelé la « seconde guerre froide »[10]. Le gouvernement américain, Reagan en tête, agitait de nouveau le spectre du péril rouge. L’heure était alors au patriotisme exacerbé et au culte de la défense armée de la nation. Pas étonnant que dans ce contexte des « années Reagan », on vit fleurir au cinéma les superproductions gonflées à la testo comme Rocky, Rambo, Conan le Barbare, Terminator, Commando ou bien encore Predator. La célébration du corps svelte et musclé synonyme de force belliqueuse constituait une allégorie à peine voilée du rempart que devait opposer les Etats-Unis à ce qu’ils considéraient comme la menace communiste. Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, les deux stars bodybuildées les plus célèbres étaient alors au zénith de leur carrière cinématographique.
Les eighties marquèrent également l’entrée dans les « années fric », celles de la société de consommation décomplexée, du culte de l’entreprise et des golden boys. L’homme et la femme modernes se devaient d’être des battants, des gagneurs, des businessmen ou des working girls bien dans leur tête et dans leur corps, soucieux de leur santé et leur bien être. Tel était du moins, le modèle véhiculé un peu partout dans les médias. Aussi, les clubs de gym virent affluer un nombre grandissant de nouveaux pratiquants[11]. La Gym Tonic fit son apparition sur le petit écran. Jane Fonda et Richard Simmons se mirent en tête de modifier la silhouette des ménagères en vendant plusieurs milliers de K7 video d’exercices à effectuer à la maison. Ainsi le fitness et l’aérobic s’immiscèrent peu à peu dans le quotidien des Américains. La musculation se démocratisa et devint dans le même temps un des hobbies préférés des classes moyennes et supérieures tels que les yuppies, « cette couche sociale devenue l’emblème des années 80 » composée de « jeunes professionnels urbains, avides de réalisation de soi par la réussite matérielle, pratiquants les plus assidus de la transpiration électronique »[12]. Face à l’afflux d’adeptes de la musculation et le développement du fitness et du bodybuilding, des hommes d’affaire aux dents longues débarquèrent sur la côte californienne – dans le sillage de ce vieux briscard de Joe Weider[13] – pour faire fortune.
Les années 80 furent aussi caractérisées par le développement des produits anabolisants. Apparus à la fin des années 50, ces derniers envahirent les vestiaires des salles de musculation où ils furent largement vendus « sous le manteau ». De nouveaux physiques hypertrophiés s’imposèrent dès lors à Muscle Beach. Fini les proportions harmonieuses, l’heure était désormais aux muscles surdimensionnés.
Une nouvelle génération de bodybuilders arriva sur la plage de Venice. Celle des années 70 disparue peu à peu, même si certains culturistes continuèrent à y venir de temps en temps. Des travaux de réaménagement furent accomplis en 1982. Le « Pit » notamment, fut totalement transformé. De nouvelles installations virent le jour et des appareils de musculation furent ajoutés. En 1987, la ville de Los Angeles attribua officiellement au lieu le nom de « Muscle Beach Venice ».
Même si beaucoup de choses changèrent au cours des années 80-90 dans le monde de la musculation et à Muscle Beach, le lieu ne perdit nullement de sa superbe et continua d’attirer une foule de visiteurs. Depuis la fin des années 70, il avait même accédé au statut de mythe. Les chalands, à la fois intrigués et impressionnés par les physiques hors norme qui le peuplaient, étaient toujours aussi nombreux à venir admirer les culturistes pendant leurs séances d’entraînement en plein air. Ces derniers, peau bronzée et huilée, muscles bandés, se prêtaient facilement au jeu en s’exhibant et en étalant leur force herculéenne. Finalement, de ce point de vue rien n’avait changé depuis le Muscle Beach des origines. L’endroit demeurait le paradis des egos démesurés, vouée au culte de la santé et du corps parfait.
V – Muscle Beach de nos jours. En 1990 et 1991, le site de Muscle Beach a subi de vastes travaux de réaménagement. Sa superficie a quasiment doublé et tout le matériel a été remplacé. Le “Pen” ou “Pit”, désormais appelé le Muscle Beach Weight Pen, a entièrement été refait. Une nouvelle bâtisse logeant les poids, barres et haltères a été construite. L’enclôt délimitant la plate-forme a été changé ainsi que toutes les machines de musculation. Une gigantesque sculpture en béton représentant un haltère a été érigée, devant laquelle un podium bétonné a été installé. Des gradins ont également vu le jour permettant à la foule des badauds d’assister à l’entraînement des culturistes ainsi qu’aux différentes manifestations organisées autour du bodybuilding. Le site s’est enrichi de nouvelles installations sportives de plein air : courts de tennis et de beach volley, terrains de basket ball et de handball, parc de skateboard, aire de jeux pour les enfants, piste de vélo et rollers permettant de rejoindre Santa-Monica.
Au début des années 2000, d’autres travaux ont été accomplis, qui ont permis notamment de rénover la promenade du bord de mer appelé Ocean Front Walk ou simplement The boardwalk. Récemment encore, le « Pen » a bénéficié d’une rénovation ayant permis d’installer de nouvelles machines et de refaire le sol. C’est que le lieu a gagné en prestige depuis 2003, date à laquelle Joe Wheatley a été chargé par le Département des Parcs et Loisirs de Los Angeles de promouvoir le site en organisant des attractions et des compétitions de bodybuilding[14]. Dorénavant, Muscle Beach accueille de multiples manifestations tout au long de l’année. Des compétitions telles que le Muscle Labor Day, le Mr and Mrs Muscle Beach Competition, le Muscle Beach International Classic ou bien encore le Muscle Beach Championship, réunissent les plus grands culturistes et attirent plusieurs milliers de personnes. Il n’est pas rare d’y croiser tous ceux qui ont fait l’histoire du bodybuilding et de Muscle Beach, d’Arnold Schwarzenegger à Joe Weider en passant par Jack Lalanne, invités d’honneurs chargés entre autres de remettre les médailles, coupes et prix aux concurrents. D’autres manifestations liées au monde du muscle et de la force y sont également organisées : compétitions de powerlifting, de bras de fer, combats de boxe, etc…
Le Muscle Beach Weight Pen est toujours aussi prisé. Les simples visiteurs autant que les pratiquants amateurs y côtoient des bodybuilders professionnels venus s’entraîner sous le soleil. La plate-forme de musculation est ouverte tous les jours, de 8h00 à 17h00 du lundi au samedi et le dimanche de 10h à 16h. Il est possible de s’y abonner à l’année pour 150$ ou bien de payer à la semaine ou à la journée pour 50$ et 10 $ (des prix peu élevés eu égard la renommée du lieu).
Muscle Beach rassemble aujourd’hui une foule bigarrée particulièrement haute en couleur. L’esprit des années 60 tente de survivre à travers les artistes des rues, danseurs, jongleurs, musiciens, peintres et acrobates qui animent l’ « Ocean Front Walk » chaque jour. Les habitants de Los Angeles aiment venir s’y promener le week-end pour profiter du soleil, de la mer et des multiples animations. C’est aujourd’hui une des destinations les plus prisées des Etats-Unis avec Disneyland.
Le lieu attire aussi toujours autant les stars venues d’Hollywood. Certaines d’entre elles fréquentent régulièrement le Gold’s Gym, qui depuis, a déménagé quelques rues plus loin[15]. Des acteurs américains ont même élu domicile à Venice. C’est le cas notamment de Julia Roberts, d’Angelica Huston ou de Nicolas Cage. La proximité des studios de tournage et surtout le cadre de vie (mer et douceur climatique) en fait un lieu de résidence privilégié pour les stars du cinéma.
Mais Venice et Muscle Beach demeurent avant tout le paradis des accrocs de la fonte. Outre le Gold’s Gym et le World Gym[16] ainsi que le Muscle Beach Weight Pen où ils peuvent s’entraîner, ils y trouvent l’indispensable pour adopter le lifestyle des bodybuilders. De nombreux restaurants par exemples proposent désormais des menus entièrement conçus pour les adeptes de la musculation. Omelettes, pooridges, salades, blancs de poulet et de dinde, bœuf dégraissé, tout est disponible pour se concocter un déjeuner respectueux des plans alimentaires stricts qu’impose la pratique de ce sport. On y trouve également divers bars proposant des shakes protéinés ou des boissons énergisantes indispensables avant ou après une bonne séance. Les magasins de compléments alimentaires fleurissent ainsi que ceux de matériel de musculation. Bref, tout un petit univers dédié au culturisme s’est peu à peu créé autour de Muscle Beach depuis plusieurs années et ce petit paradis en fait fantasmer plus d’un. Beaucoup en effet – Américains ou non d’ailleurs – aimeraient s’y installer, pensant pouvoir y vivre leur « rêve américain ». Qu’ils soient bodybuilders amateurs aspirant à devenir un jour professionnels pour vivre de leur passion ou bien entrepreneurs et hommes d’affaires projetant d’y ouvrir un restaurant, une salle de fitness ou un magasin de compléments alimentaires, ou bien encore « beaux gosses » espérant être remarqués pour faire carrière dans le cinéma, tous rêvent de poser un jour leurs valises à Muscle Beach pour y faire fortune, être célèbres… ou les deux à la fois[17].
Conclusion Muscle Beach a longtemps été le centre de gravité de l'univers du bodybuilding. C'est là notamment que de nombreuses personnalités ont acquis la célébrité. Le meilleur exemple étant Arnold Schwarzenegger. C'est là que se sont forgées de brillantes carrières et bâtis d'immenses empires financiers. Muscle Beach a été à la fois le réceptacle de toutes les passions et les ambitions ainsi qu'un formidable tremplin pour tous ceux qui comprirent que le culte du corps et de la santé pouvait constituer un business très rentable.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’endroit ne laisse pas indifférent. C'est avec un ton moqueur, voire un certain mépris que Jean-Jacques Courtine évoque Muscle Beach dans un article déjà cité plus haut. Voici la peinture narquoise qu'il en fait: " A Venice, l'un de ces quartiers de Los Angeles qui s'étirent le long de l'océan, les traces des différentes cultures que l'Amérique s'est inventées au cours des trente dernières années se sont regroupées au bord de la plage, en un curieux parc d'attractions. Les débris de la contre-culture des années 1960 et 1970, hippies momifiés et épaves du Viêtnam, y croisent la cohorte des yuppies en mouvement, joggers, cyclistes, patineurs, surfers. La foule des curieux s'y presse. Clou du spectacle: un enclos grillagé, où des corps gonflés de muscles "pompent du fer". Muscle Beach, California: les touristes prennent des photos, les body-builders prennent la pose"[18].
On ne peut nier que Muscle Beach représente tout ce qu'il y a de plus superficiel dans la société américaine. Il est évident que l'exhibitionnisme narcissique y règne peut-être plus que partout ailleurs. On peut sourire à la vue de tant d'individus, imbus de leur corps et s'exposant ainsi sans la moindre modestie. Bien sûr que ce spectacle quasi folklorique frise parfois le ridicule. Bien sûr aussi que cet univers caricatural peut être interprété comme une sorte de représentation hyperbolique du capitalisme où tout n'est que marchandisation et culte de la performance. Certes, il ne faut pas être dupe de tout cela, mais considérer avec une telle condescendance un lieu comme celui-ci n'est pas non plus faire preuve d'une très grande ouverture d'esprit. On peut tout à la fois ne pas se laisser leurrer par le clinquant et le côté artificiel et voir en Muscle Beach rien de moins qu'un lieu de pur divertissement, une aire de jeu à ciel ouvert où tous les comportements les plus fantasques sont permis. Un lieu où il est possible d'abandonner un moment ses préjugés et son attitude trop cérébrale pour se laisser aller aux plaisirs du sport et du corps.
Personnellement je n'aimerais pas vivre à Venice même si le cadre est particulièrement attrayant. Je n'ai jamais vraiment aspiré ni même cru au "rêve américain". En outre je sais pertinemment que cette ambiance "m'as-tu-vu" et cette ostentation corporelle sans le moindre recul finirait par m'exaspérer. Toutefois, je dois avouer que ce lieu exerce sur moi une certaine fascination, comme d’ailleurs tous les endroits quelques peu extrêmes et étranges qui abondent aux Etats-Unis. En tant que passionné de musculation, le lifestyle qui peut être mené là-bas laisse quelque peu rêveur et de ce point de vue je comprends l'engouement suscité par l'endroit.
Quoi qu’il en soit, même si Muscle Beach ne fait pas l'unanimité - notamment parmi ceux qui n'ont jamais touché un haltère -, et malgré le fait qu'il ne soit plus le seul lieu où se pratique le bodybuilding hardcore, il demeure pour certains une sorte de sanctuaire, un mythe autour duquel ils sont nombreux à cultiver la nostalgie. Muscle Beach constitue en définitive un lieu unique et bien vivant qui marquera à jamais l'histoire du culturisme.
[1] Rappelons que malgré une relative libération des corps dans les années 30 et 40, la nudité, même partielle, était encore largement tabou.
[2] Il a d’ailleurs consacré un ouvrage à Muscle Beach intitulé Remembering Muscle Beach, Angel City Press, 1999.
[3] En réalité, les frères Tanny fréquentaient déjà la plage de Santa-Monica dans les années 40 mais c’est dans les années 50 qu’ils rencontrèrent le succès. Vic Tanny ouvrit la plus grande salle de musculation des Etats-Unis – le Vic Tanny’s Gym – où s’entraînaient les plus grands comme Steve Reeves, George Eiferman ou Joe Gold.
[4] Steeve Reeves, acteur et bodybuilder, fut sacré Mr America et Mr Universe. Il est aujourd’hui perçu comme une véritable légende du bodybuilding.
[5] C’est la cas entre autres d’Arnold Schwarzenegger qui découvrit le monde du muscle à travers les portraits de Steeve Reves et Reg Park ou bien encore du catcheur et bodybuilder Seymour Koenig qui a déclaré dans une interview sur internet avoir été marqué, étant adolescent, par les photos de culturistes auxquels il se donna pour but de ressembler un jour.
[6] Au-delà du sourire, in Muscle&Fitness, Février 2006.
[7] Au début des années 60, Dave Draper ouvrit une salle d’entraînement à Santa-Monica. Située en sous-sol, sans fenêtre et bétonnée du sol au plafond, elle fut surnommée « The Dungeon ». Particulièrement populaire, les bodybuilders lui préfèreront pourtant par la suite la salle de Venice : le Gold’s Gym.
[8] Le « pit » (fosse) ou « pen » (parc) constitue la plate-forme à ciel ouvert sur laquelle ont été installées des appareils de musculation à Muscle Beach. Après s’être entraînés au Gold’s Gym, les bodybuilders aiment se donner rendez-vous sur le « pit » afin d’exhiber leurs muscles en public.
[9] Les documentaires Pumping Iron et Raw Iron: The Making of Pumping Iron relatent très bien le quotidien de ces bodybuilders ayant fréquenté Muscle Beach à cette époque.
[10] La seconde guerre froide débuta en 1975 avec la chute de Phnom Penh et la défaite des Américains au Vietnam ainsi que l’intervention cubaine en Angola.
[11] Cette augmentation du nombre de pratiquants ne cessa de progresser au cours de la décennie suivante. En 1987, aux Etats-Unis, le nombre d'adhérents équivalait à un chiffre d'affaire de13,8 millions de dollars et la plupart des membres de clubs avaient entre 18 et 34 ans. Durant les années 90, le nombre d'adhésions représentait 22,4 millions de dollars, soit une augmentation de 61%. La part des membres de 35 ans et plus augmenta sensiblement.
[12] Jean-Jacques Courtine, Les stakhanovistes du narcissisme, in Communications, n°56, 1993. Le gouvernement du corps. p. 228.
[13] Joe Weider et son frère Ben, décédé récemment, règnent sur le monde du bodybuilding depuis 50 ans. Conseiller sportif, Joe a notamment découvert Arnold Schwarzenegger. Il a également été le co-fondateur de l’IFBB et a créé le concours de Mr Olympia. A la tête d’un empire financier gigantesque il édite plusieurs revues sur le sport et le bodybuilding, est propriétaire de salles et est fabricant de matériel de musculation et de suppléments alimentaires. Adulé par certains il n’en reste pas moins une personnalité très controversée (cf. Serge Nubret notamment).
[14] La tâche était autrefois assurée bénévolement par Bill Howard, considéré comme un vétéran de Muscle Beach.
[15] L’ancien bâtiment du Gold’s Gym existe toujours. Il a été revendu et abrite aujourd’hui une habitation particulière. On peut encore deviner la peinture écaillée de son enseigne sur la façade.
[16] Autre salle de musculation créée par Joe Gold en 1977.
[17] Quelques Français se sont établis à Venice dans cette perspective. C’est le cas notamment de Julien Greaux, ce trentenaire originaire de l’île de Saint-Bathélémy, expert en arts martiaux et en fitness. Installé sur la côte californienne depuis quelques années il espère percer dans le cinéma en tant qu’acteur de films d’action sur les traces d’un certain Jean-Claude Van Damme. Sa carrière peine toutefois à démarrer même s’il multiplie les expériences en tant que mannequin fitness pour des magazines et des marques de suppléments alimentaires.
[18] Op. cit., p.7
L’article du sociologue Jean-Jacques Courtine, par ailleurs très intéressant, est néanmoins fortement à charge contre le bodybuilding. L’auteur fait preuve par moment d’un manque de discernement et use de raccourcis grossiers. C’est le cas notamment lorsqu’il écrit : « Tant d’hypertrophie corporelle ne saurait en vérité aller sans le sentiment d’une atrophie, d’une fragilité psychologique aussitôt déniée dans l’escalade musculaire ». Ainsi, selon Courtine, les pratiquants de la musculation seraient nécessairement des idiots ou des personnes à la psychologie instable. On pouvait difficilement faire mieux dans le cliché.