Sherdog : Tu avais l'opportunité de venir aux USA tout de suite apres que ton frère, Royce, ai gagné son premier UFC en 1993. Pourquoi tu t'es décidé à ne venir que maintenant ?

Royler : Je suis probablement le dernier des Mohicans à quitter le Brésil. En fait, il y a 10 ans, je vivais à Los Angeles. J'y suis resté 1 an, mais je n'aimais pas le style de vie, j'ai donc décidé de retourner à Rio de Janeiro. L'année derniere, j'ai décidé de bouger à San Diego, qui ressemble plus à Rio. Je vis à La Jola, dans un endroit surprenant tres proche de la plage.

Sherdog : Quel était l'origine de cette decision ?

Royler : En fait, je l'ai fait pour deux raisons. Premierement, je commençais à en avoir un peu marre d'être à la direction de la Gracie Academy depuis près de 25 ans, s'occuper du moindre détail, de tout en fait. J'étais un peu fatigué de tout ça et j'ai décidé de faire un break. En fait, je ne suis pas venu aux Etats Unis pour ouvrir une academie de jiu-jitsu. Je peux changer d'avis mais pour le moment, je fais surtout des seminaires autour du monde. Mes autorisations de travail sont en règle, c'est donc plutôt une bonne experience. Je ne sais pas combien de temps ça va durer. Peut être qu'un jour je changerais d'avis et je retournerais enseigner et passer mes journée dans une academie. Pour le moment, j'ai juste prévu de voyager et de donner des seminaires, se sont des choses que j'aime vraiment faire; et ça se passe généralement le WE, j'ai donc toute la semaine pour rester à la maison avec ma famille, d'aller à la plage ou de faire du surf. La seconde raison est que j'étais tellement surchargé au Brésil que je n'avais même pas le temps de mettre un GI (kimono) et d'aller m'entrainer. J'ai du modifier mon emploi du temps pour trouver le temps d'aller surfer. Ici à San Diego, j'ai totalement changer mon style de vie. Cette semaine, j'ai fait du velo avec ma fille en milieu de semaine, quelque chose que je n'avais pas fait depuis longtemps à Rio. La semaine derniere, j'ai fait du surf mercredi. Mon style de vie s'est considerablement amélioré. Je prends soin de moi, chose que je ne pouvais pas faire au Brésil. Mon plan maintenant c'est juste de retourner à Rio pour les vacances.

Sherdog : Quand tu souhaites t'entrainer aux USA, tu vas où ?

Royler : Mon centre d'entrainement est à l'Université de jiu-jitsu, avec Saulo et Xande Ribeiro à San Diego. Lorsque nous avons une compétion importante, j'y vais pour diriger l'entrainement, mais c'est important que se soit claire, je n'enseigne pas la bà. Saulo et moi avons une excellente relation, dès fois il m'envoie un élève pour des cours particuliers. Mais l'académie de Saulo est vraiment mon QG aux USA.

Sherdog : Où donnes tu tes séminaires et comment des personnes intérésées peuvent te contacter ?

Royler : J'ai donné pas mal de séminaires depuis que je suis arrivé aux USA, dans le Colorado, à Miami, au Canada, dans le New Jersey, à New York, à Philadelphie. Je suis tres impressionné, malgré cette crise mondiale, les invitations pour des séminaires ne diminuent pas.

[Contact pour avoir des infos sur les séminaires : seminars@roylergracie.com et (858) 344-6797]

Sherdog : Quelle a été la réaction de ton père quand tu lui as dit que tu avais décidé de partir aux USA ?

Royler : La crise venait juste de commencer. Je suis allé le voire pour lui en parler, comme quoi j'avais pris cette décision et lui demander ce qu'il pensait de la crise. Il me dit : "La crise existe depuis aussi longtemps que le monde existe. Tous les 10 ans, le monde traverse une grande crise, pas seulement le monde mais toutes les familles et les gens traversent les crises aussi naturellement qu'ils les surmontent. Va. Je suis sure que tu feras quelque chose de bien". Malheureusement, trois mois plus tard, il mourrait.

Sherdog : Quelles sont les differences entre le jiu-jitsu d'aujourd'hui et celui de ton époque ?

Royler : En competition, je crois que le jiu-jitsu sera toujours en evolution grâce à la technologie, chose que nous n'avions pas il y a 20 ans. D'un autre côté, le jeu du jiu-jitsu se resserre de plus en plus, mais je crois qu'un bon compétiteur doit savoir étudier son adversaire, pas seulement penser à la soumission. Il doit savoir gagner en utilisants les avantages, les points et, bien sure, les soumissions. Le compétiteur doit savoir comment jouer avec la foule, mettre les juges en sa faveur ainsi que le public. Il y a beaucoup de chose que personne ne m'a enseignées et que j'ai appris en compétition.

Sherdog : Comment compares tu la croissance du jiu-jitsu par rapport à celle du MMA ?

Royler : Je crois que le jiu-jitsu est en train de devenir plus important que le MMA à travers le monde. En fait, il l'est déjà, car l'age des combattants de MMA est limité entre 18 et 35 ans. En jiu-jitsu, tu commences à t'entrainer dès l'age de 3 ans et tu peux continuer l'entrainement jusqu'à 80 ans, il a donc une plus grande portée. Je suis sure qu'il y a bien plus de personnes qui pratiquent le jiu-jitsu que le MMA à travers le monde.

Sherdog : Est ce que tu penses que le jiu-jitsu est bien représenté dans le MMA ?

Royler Gracie : Nous sommes très bien représenté. Nous avons Demian Maia, qui est probablement le meilleur représentant du jiu-jitsu dans le MMA après Antonio Rodriguo Nogueira. En fait, j'ai rencontré Rodrigo la semaine derniere, et c'est une personne surprenante. C'est exactement ce dont ce sport à besoin, un très bon exemple d'idole. Je n'ai pas beaucoup de contact avec Anderson Silva, mais il semble être aussi une personne charmante et, pour moi, il représente aussi bien le jiu-jitsu que les sports de frappes. Quand il combat au sol, il ne me deçoit jamais. Nous avons aussi Thales Leites, qui fait du bon travail dans l'Octogone. Roger Gracie aussi, qui fait ses débuts de fort belle maniere, et nous avons Xande Ribeiro et Rolles Gracie qui vont arriver.


Sherdog : Durant ta carriere, quelles compétitions t'ont le plus marqué que se soit en jiu-jitsu et en MMA ?

Royler Gracie : En jiu-jitsu, je pense que les championnats de 1997 seront à jamais mémorable. J'ai eu 7 combats, dans la catégorie de poids et en absolute. Dans ma catégorie, j'ai vaincu Vitor "Shaolin" Ribeiro en final. C'était un jeune homme de 17 ans qui était venu avec la faim, et j'avais 35 ans. En fait, j'aurais put être son père et c'est un moment mémorable pour moi. J'ai obtenu la 3eme place en absolute et je ne pesais que 65kg. Je m'en souviens j'étais sur le même podium que Fabio Gurgel, Amaury Bitteti et Mario Sperry. Tout de suite après ça, j'étais champion d'Abu Dhabi, donc l'année 1997 est très importante pour moi.

Sherdog : Et en MMA ? Quel combat t'a le plus marqué ?

Royler Gracie : Mon combat contre Kazushi sakuraba. Il était bien plus lourd que moi et il était au sommet de sa carriere, en ayant battu un bon paquet de mecs au top. En fait, je n'avais pas envisagé de le battre. Je voulais juste savoir comment il pourrait me battre, c'était tout ce que je voulais savoir. J'étais le sniper. Je pensais que si il faisait des erreurs, je pouvais me le faire. Il avait la strategie parfaite, eviter le sol. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il a été largement superieur à moi dans les deux premier rounds mais je n'ai jamais fuit le combat. Il voulait combattre debout alors je suis resté debout et je l'ai combattu mais ce qui m'a le plus blessé ça a été l'attitude de l'arbitre qui a arrêté le combat. Sur le contrat, il était stipulé que seul un ko ou une soumission pouvait mettre fin au combat, sinon se serait un match nul, mais les fans japonais voulaient le voire affronter Rickson Gracie. Personne ne saura jamais comment ce combat aurait put se finir , si il aurait cassé mon bras, si je l'aurais obligé à abandonner ou si ça se serait conclu par un match nul.

Sherdog : Tes fans auront ils la chance de revoire combattre ? Y a t il une chance que ça arrive ?


Royler Gracie : Je ne sais pas; je n'y pense pas en fait. En jiu-jitsu, je suis plus concentré sur le fait d'être entraineur. Je n'ai pas prévu de faire de la competition, à moins d'avoir une bonne proposition de l'ADCC. En ce qui concerne le MMA, je tiens à avoir un combat de retraite. Mon dernier combat contre Hideo Tokoro était vraiment bien, mais, malheureusement les juges l'ont déclaré vainqueur. Je pense que s'était vraiment un match serré. Si il avait eu lieu au Brésil, j'aurais probablement gagné mais il a eu lieu au Japon, je ne peux pas me plaindre.

Sherdog : As tu fait une video dans laquelle tu enseignes tes meilleurs techniques ?

Royler Gracie : C'est vrai, et je suis tres content du resultat. Dans cette video, j'enseigne quelques techniques importantes que j'utilise en competition. La video montre des combats, et apres chacun d'entre eux, j'enseigne exactement la même technique en studio.

Sherdog : Quel est ton secret pour rester jeune ?

Royler Gracie : Je suis scrupuleusement la "Diette Gracie". Même quand je voyage, j'essaie de manger des fruits et de continuer à faire les bonnes choses. Le secret c'est ce que mon père répétait à longueure de temps : " Si tu mets de la mauvaise essence dans ta voiture, elle tombera en panne." Le corps humain est comme une voiture. Mon père disait toujours, "tu es ce que tu mange."

Sherdog : Que penses tu de la reconnaissance du nom Gracie aux USA ?

Royler Gracie : Au Brésil, tout le monde me connait, mais en Amérique, j'ai été impréssioné par le nombre de personne qui m'arrête dans la rue. Même si mon visage n'est pas montré partout à la tv ou sur internet, quand il apparait dans un magazine de MMA ou de jiu-jitsu, je suis très impressionné. Je pense que les gens me reconnaissent grace au dur labeur de mon père, mon oncle, mes frères et de tous les pratiquants de jiu-jitsu.

Sherdog : Quelle importance ont ton père et ton oncle dans l'histoire du MMA ?

Royler Gracie : Sans eux, nous ne serions pas là en Chine à donner une interview. Le monde ne pratiquerait pas le jiu-jitsu et le MMA. Nous devons remercier cet homme maigrelet, qui doit être au dessus de nous, le grand maître Helio Gracie ainsi que son frère Carlos. Ils ont planté les graines dont nous tirons les fruits aujourd'hui.